[DOSSIER N°300] J’interviewe Aven Berger

Bonjour, bonjour,

Derrière cette accroche un peu poussiéreuse, ce que j’essaie de vous dire c’est… la chenille qui redémarre ! (oui, j’avoue, j’avais pas trop d’inspi)

Bref, il y a quelques jours, je vous ai dit que je n’avais rien prévu pour ce 300ème dossier, mais… ai-je menti ? Mmh, oui et non.

Oui, dans le sens où je n’avais lancé aucun projet pour cet article… Et non, parce que non, c’est non.

Mais ! Pour votre plus grande joie (et cessez de sourire parce que sourire tout seul devant son écran, c’est bizarre. et déjà, que c’est bizarre de lire un blog en 2020, je n’ai pas envie qu’on vous pose une camisole de force, de force.), j’ai remis la main sur une interview que j’avais faite à un personnage culte de la littérature du 21ème siècle.

J’ai nommé : Aven Berger.

Et si vous tombez sur des photos de grottes quand vous cherchez son nom sur Internet, ne soyez pas étonnés.

Aven est quelqu’un de très peu présent sur Internet, bien qu’elle tienne un site internet, paradoxalement.

Avant toute chose, je tiens à remercier mon amie (que je n’ai pas consultée et qui préfère sûrement rester anonyme) (coucou Fanny !), qui m’a aidée à prendre contact avec Aven, mais aussi à lui poser toutes ces questions.


  1. Pouvez-vous nous expliquer les événements de votre enfance qui vous ont marquée ?

“J’ai été beaucoup marquée par le fait que ma mère m’ait offert une boîte en polystyrène pour mon anniversaire. En effet, elle me l’a offert en me disant que c’était le plus beau cadeau que jamais je ne recevrai. Je l’ai donc mis sur ma table de chevet, et je l’ai regardé tous les matins en me réveillant, et tous les soirs en me couchant. Cette boîte représentait pour moi l’inatteignable, ce que jamais je ne pourrais toucher. Et pourtant, je l’avais près de mon cœur, et de mes rêves. Aujourd’hui encore, quand je touche le polystyrène, je pense que je suis bel et bien vivante, et que jamais, au grand jamais, je voudrais plus que ce que j’ai.”

  1. Etes-vous pleinement consciente du fait que le polystyrène est en réalité quelque chose de tout-à-fait ordinaire, et dans cette mesure, comment abordez-vous le rapport que l’on a avec la valeur des choses et la possession en elle-même ?

« C’est justement cela, Maïa, qui rend cette boîte bien plus précieuse que si elle était en or car le polystyrène a été l’inhibiteur de tous les exploits que j’ai eu la chance de réaliser. Autrement dit, c’est une matière ordinaire, en reprenant vos termes, qui a transformé une jeune bergère inexpérimentée, en le genre de femme qui doit trier ses demandes d’interviews pour choisir l’heureux élu. En d’autres termes, le polystyrène est une matière, tout comme l’or, et je suis pour l’égalité et l’absence de hiérarchie dans le genre humain, tout comme je le suis pour les matières. Pour répondre à votre deuxième requête, je ne possède pas, c’est le monde qui me possède, car ici personne ne possède personne, mais tout le monde est possédé par des pulsions de conquête.”

  1. Que pensez-vous des personnes qui disent que la vie n’a pas de sens pour un humain, qu’il faut simplement qu’ils la vivent, même si elle n’a pas de véritable objectif, et qu’il n’existe pas d’apogée de l’existence humaine ?

“Voici une question très pertinente Maïa. Je pense que ces personnes ont raison, mais qu’ils n’ont pas encore repéré l’essentiel, car que serait une vie si elle avait un but à la fin ? On ne vivrait notre vie que dans l’attente de son aboutissement et ne penserions qu’au futur. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que la vie humaine a été créée de manière très congrue. Si la fin est la pire des disgrâces, communément appelée la mort, c’est pour nous inciter à profiter de l’instant présent, en redoutant le futur.”

  1. Comme vous le dites, c’est exactement ceci que craignent la majorité des hommes à ce jour : le futur. Mais alors, est-il plus consciencieux de vivre en dehors de tout temps ? J’entends par là des êtres qui ne se soucient pas des heures qui passent, des minutes qui s’écoulent, et des secondes qui se suivent et ne se ressemblent pas.

“Quelle est la principale différence entre l’homme et l’animal ? C’est que l’homme est conscient du futur. “Il vaut mieux être un homme malheureux qu’un porc satisfait” nous dit Mill. Alors tout homme préfère être conscient de demain et par là même l’appréhender plutôt que, tel une bête, vivre en dehors du temps.”

  1. J’ai entendu parler de vos séances d’abnégation de la condition humaine qui ont lieu bien sûr dans votre magnifique pays qu’est l’Autriche, j’aimerais que vous expliquiez à nos lecteurs en quoi cela consiste explicitement.

“L’anniversaire suivant celui du polystyrène, je n’ai pas eu de cadeau. J’ai pleuré toute la journée, et je suis allée me balader dans la ville de Kufstein et j’y ai croisé un vieil homme boiteux. Je lui ai bien entendu raconté de manière larmoyante la dure affaire qu’était cet anniversaire, et le boiteux m’a offert un foulard en soie de Chine. Le cadeau le plus beau que je n’avais jamais eu. Puis le boiteux est retourné se coucher sur sa couverture au coin de la rue. Je suis rentrée chez moi, le foulard au cou et le sourire aux lèvres. Et je ne les ai pas quitté de la nuit. Seulement, le lendemain, et pendant tout le reste de l’année, je n’ai pas pu me regarder une fois dans le miroir, j’avais compris que j’étais une petite fille égoïste et que je ne méritais pas cette magnifique soie venue de Chine. Je vous raconte cette histoire, Maïa, pour vous expliquer que ce sentiment d’être quelqu’un de mauvais n’est pas éternel. J’ai inventé ces séances d’abnégation pour sauver toutes les personnes qui, comme cette petite fille, ont perdu le sourire.”

  1. Dans un autre registre, pourquoi avez-vous le sentiment d’être « une femme de pouvoir”, pour citer les termes de votre dernier ouvrage ?

“Vous savez, tout le monde a le pouvoir de penser. Et c’est le pouvoir le plus puissant qui existe, car il est éternel. Je suis une femme de pouvoir. Vous l’êtes aussi, Maïa.”

  1. Dans la continuité de votre implication indéniable dans la sublimation des êtres penseurs, je me demande encore, pourquoi ma chère, avez-vous décidé de ne pas vous exposer sur Internet, l’endroit même où l’on s’exprime dans le monde contemporain ? Mais aussi, pourquoi donc avez-vous fait une exception pour mon site internet ?

“Il faut croire que je ne vis pas dans le monde contemporain, votre site internet, n’a pas fait d’exception, il est simplement arrivé devant moi et j’ai décidé de le faire, je n’ai jamais fixé de principes selon lesquels je ne répondrai pas aux interviews. Mon monde est celui de la spontanéité.”


Voilà, j’espère que vous avez apprécié cette petite interview, peu habituelle, je vous l’accorde.

Si vous êtes intéressé par le travail d’Aven Berger, vous pouvez aller faire un tour sur son site internet :

https://avenberger.wixsite.com/avenberger

Toutefois si vous n’êtes pas sensible à sa philosophie, si on peut qualifier ainsi sa pensée, je vous invite à simplement oublier.

C’est fou le nombre de choses qu’on oublie.

Ah, d’ailleurs, j’aimerais juste que vous répondiez à ce petit sondage avant que vous ne retourniez gambader et gazouiller comme des frapadingues.

Aimez-vous les rêves ?

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Est-ce que vous rêvez ?

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Voulez-vous que je fasse un article qui regroupe mes rêves mais aussi les vôtres ?

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Et oui, je compte bien laisser mon blog à l’heure d’été, c’est plus nice je trouve. (en vrai je suis encore en train de réfléchir à ce que ça change, si c’est une heure avant ou une heure après… oui, mais avant ou après quoi ? c’est tout un problème décidément)

Enfin, je vous souhaite un bon week-end et si je ne meurs pas d’ici là et on se retrouve vendredi prochain !

P-S : Je sais bien que j’ai loupé le dossier n°299, mais que voulez-vous, il y a des jours comme ça, où on ne sait plus ce qu’on fait, par exemple hier, j’ai eu peur d’une poussière.

Bisous

2 thoughts on “[DOSSIER N°300] J’interviewe Aven Berger

  1. Michel Michel says:

    Cet article m’a redonné foi en la littérature française ! Tant de bon sens que j’en suis tombé de ma chaise, malheureusement, j’ai installé mon bureau en haut d’un escalier. Ceci dit, je suis véritablement impressionné par cette interview ! C’est vrai que comme tout un chacun, je connaissais déjà Madame Aven Berger, mais alors là ! Quelle surprise ! Je n’avais jamais lu ailleurs l’histoire du polystyrène, et je dois vous avouer qu’en plus de m’avoir appris comment cela s’écrivait, cela m’a transmis un goût pour le mélodramatique. Ce Noël, mes enfants ont reçu chacun un parpaing, que j’ai pris soin de voler à un chantier près de chez moi. Ils m’ont dit « Michel Michel, Michel Michel, merci pour ce joli présent, nous allons pouvoir le faire fondre et le revendre en plusieurs morceaux sur Leboncoin. » Je leur ai dit : « Ne faites pas ça malheureux ! Si je vous offre ces parpaings, c’est pour que vous puissiez construire votre avenir. ». Ils ont salué mon jeu de mot, puis m’ont demandé où était leur vrai cadeau, je leur ai dit : votre vrai cadeau, c’est la vie. Toute ma famille a décrété que j’étais devenu un véritable frappadingue.
    Comme quoi. On n’a rien sans rien.
    Je salue toute la petite équipe de ce blog et espère qu’on pourra relire un jour un article d’un tel niveau !

    • Maïa says:

      Bonjour cher Michel Michel,
      Quelle joie de lire votre commentaire ! Je suis tout à fait d’accord avec vous, cet article est bourré de bon sens et je m’en suis rendue compte à mes dépends en le lisant à nouveau il y a quelques jours… Je me souviens encore avoir donné cette interview à Aven Berger un soir d’automne, au gré du vent et de la mélancolie, sous une pluie torrentielle parsemée de flocons de neige et d’avoine. Quel bon souvenir ! Aven est quelqu’un d’incroyable qui nous donne toujours une bonne leçon sur la vie. A titre d’exemple, elle m’avait conté gaiement la fois où elle s’était fait retirer une dent de sagesse… Quel est le rapport me direz vous ? Pas de souci, j’y viens. On lui avait dit « une de perdue, dix de retrouvées ». La morale qu’elle en a tiré ? Eh bien, c’est qu’on est toujours mieux loti ainsi, dans ce monde de requins. D’autant qu’elle travaille dans le milieu de la littérature, vous n’êtes pas sans connaître son œuvre sur « la guerre des mots ». Quelle triste histoire…
      Soit dit en passant, Michel, si je peux vous appeler ainsi, vous êtes bel et bien un frappadingue, nul autre n’aurait écrit pareil commentaire. Mais comme dirait Aven : « Le sens des choses est tel que nous ne pouvons pas aller contre lui-même ».
      Allez, bonne soirée !

      P-S : J’espère que vous ne vous êtes pas fait trop mal en tombant de votre chaise, même si j’avoue adorer les bonnes chutes.

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